1ière Master en ingénierie et action sociales

Evolution des pratiques d'intervention sociale

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Crédits ECTS4
Volume horaire (h/an)45
Titulaire(s)STANGHERLIN, Gregor
UnitéObligatoire
PériodeQuad. 1
CodeSOC-IISOC0008/1
Prérequis

Bachelier

Objectifs

Compétence 1 : Développer et pratiquer la recherche comme outil de compréhension critique et de diagnostic social et/ou comme appui au développement de services, projets, programmes, dispositifs ou politiques.

Compétence 2 : Adapter ou concevoir, conduire, dans une dynamique participative, des projets, programmes, dispositifs ou politiques d'action sociale.

Compétence 7 : Innover en matière de politiques et de pratiques sociales. 

 

Contenus

I. Présentation des objectifs du cours et de la méthodologie de l'apprentissage par problème

guide méthodologique des différentes étapes (aller, travail de recherche individuel et collectif, séance experte, retour), choix des thèmes, recherche documentaire, élaboration d'une situation-problème, formation des groupes

 

II. La société du risque et la société en réseau, deux facettes de notre société contemporaine

Ulrich Beck (1986) définit notre société contemporaine comme une « société du risque ». Il soutient l’hypothèse que durant la société industrielle, la logique de production des richesses a dominé la logique de production des risques. Dans la société du risque, le rapport s'inverse. La logique de production des risques domine la logique de production des richesses. L’individualisation des inégalités sociales et la « détraditionnalisation » des formes de vie de la société industrielle sont deux conséquences de ce changement de logique. Pour Robert Castel (2009: 30-38) la « société des individus » est aussi une « société du risque ». Il distingue trois configurations principales: risque social, « population à risque » et les « nouveaux risques ».

Pour Manuel Castells (1996, 1998), une révolution des technologies de l'information est le moteur d'un processus de transformation, de la finance, de l'économie, du travail, de l'entreprise, de la politique, de la culture, des identités, des conceptions du temps et de l'espace, qui interroge profondément la question sociale et nous oblige à inventer des nouvelles réponses institutionnelles et organisationnelles aux problèmes sociaux.

 

III. La transformation de la question sociale, de l'Etat social et du travail social

La seconde partie du cours a pour objectif de présenter les hypothèses fortes concernant la transformation du social et de les interroger. Cette étape sera à la base de l'élaboration des questions qui guideront les étudiants dans leur recherche de terrain durant la troisième phase du cours.

Le changement social des cinquante dernières années a radicalement transformé la question sociale (Rosanvallon, 1995) et nous oblige de repenser le social. Le travail reste au coeur de la question sociale même si celle-ci s’est complexifiée avec l’émergence de la question urbaine et ethnique (Robert Castell, 2009). En quoi ces changements transforment-ils le travail social?

Nous observons une extension des frontières du social qui se traduit par une multiplication de ses missions et un affaiblissement de sa cohérence. A côté des acteurs traditionnels comme les assistants sociaux, éducateurs et animateurs, de nouveaux métiers apparaissent: des manager de centre ville, chefs de projets, agents de prévention, coordinateur de projets de quartier, médiateurs. Se pose la question de l'unité dans la diversité à défaut de références déontologiques partagées (Boucher, 2004).

Le regard sociologique du travail social évolue: d'une critique du contrôleur social, on passe au regard de la « petite main gestionnaire  de la misère malgré lui ». Trois logiques sous tensions sont produites par les travailleurs sociaux: relationnel, contrôle et service (Dubet, 2002).

D'autres processus sont à l'oeuvre et restructurent le travail social: le nouvel esprit du capitalisme ou la logique du projet gagnent le social (Boltanski et Chiapello, 1999). Certains disent même que la logique gestionnaire s'impose avec le risque de tuer le social (Chauvière, 2007). Les modes d'intervention évoluent. L'approche sectorielle fait place à la territorialisation de l'intervention sociale et au développement de l'insertion (Ion, 2005, 2006, Hamzaoui, 2002) qui se traduisent par une nouvelle terminologie: cycle de projet, objectifs smart, partenariat, contrat, travail en réseau, développement social, participation, accompagnement, etc.

La cohésion sociale est devenue le complément indissociable de la compétitivité. Le délitement du lien social y est certainement pour quelque chose. Les frontières entre politiques sociales, de sécurité et de la ville deviennent floues (Donzelot, 2008). L'objectif se déplace-il de l'intégration vers la pacification sociale? Le terme de « prévention » a-t-il toujours le même sens?

« L'Etat social actif » est-il devenu le nouveau cadre de la gestion du social (Vieille, Pochet et Cassiers, 2005)? L'objectif de cette partie est de proposer une lecture interdisciplinaire des causes et conséquences de la transformation de l'état social. Les raisons de crise de l'Etat-Providence sont multiples. Au niveau du social nous pouvons observer un processus de décentralisation, renforçant les compétences des entités fédérées, mais surtout des communes. C'est la valorisation du local et de la proximité comme niveau d'intervention pertinent.

Quel est l'impact du changement institutionnel sur le travailleur social? Franssen (2005) montre que les reconfigurations des politiques sociales transforment leurs identités professionnelles. Il distingue trois types des stratégies identitaires: crise, défensive et offensive.

Que deviennent les publics et les usagers dans cette nouvelle constellation du social? L'activation est-elle source de « fatigue d'être soi » ou sources d'émancipation. Les interprétations divergent. Sans doute aussi parce que les traductions locales des politiques globales sont différentes. Noëlle Burgi (2006) a étudié les stratégies des « allocataires » dans ce contexte.

Dans ce contexte, Autes (2004) montre que les paradoxes du travail social sont multiples: pour atteindre l'objectif du travail social qui est d'ordre économique et politique, c'est-à-dire l'intégration sociale des usagers, il dispose de moyens d'ordre psycho-relationnel. Selon l'auteur, le passage du travail social à l'intervention sociale n'est pas nécessairement un progrès. L'offre change. Quatre évolutions caractérisent la mutation du système professionnel: déqualification du social par la montée en puissance des métiers à domicile, taylorisation des fonctions sociales, prédominance de la logique de l'urgence et du court terme et faible énoncé politique des missions (Autes, 2004). Pour Autes trois tendances s'accentuent: l'épuisement de la logique de la dette et son remplacement par celle du devoir, le règne de l'individu et une apesanteur politique.

 

IV. L'apprentissage par problème

Il s'agit de mettre les étudiants dans les conditions d'un processus d'apprentissage par problème. L'objectif de cette étape est de construire une approche méthodologique cohérente pour pouvoir confronter sur le terrain les processus théorisés préalablement. Que cherchons-nous, comment, pour quoi faire? Au coeur de ce processus sera l'analyse collective et individuelle d'une politique sociale en Belgique francophone: l'insertion socioprofessionnelle. La familiarisation avec une série de techniques et d'outils méthodologiques sera également au programme (la recherche documentaire, l'entretien, focus group, analyse en groupe).

 

Bibliographie

- dossier de lecture:

Ulrich Beck, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, 1984, pp.19-31, p.35-43, p. 157-167, p.231-237, p.337-346.

Manuel Castells, La société en réseau, Fayard, 2001, pp.23-55, p.575-585.

Manuel Castells, Le Pouvoir de l’identité, Fayard, 1999, pp.11-23, p.133, p.143, p.169-173, p.425-435.

Michel Autes, Les paradoxes du travail social, Dunod, 2004, p.1-6, p.259-276.

Robert Castel, La montée des incertitudes. Travail, protections, statuts de l'individu, Editions du Seuil, 2009, p.31-53.

Michel Chauvière, Trop de gestion tue le social. Essai sur une discrète chalandisation, La Découverte, 2007, p.7-16, p.201-209.

Dubet, F., Une expérience critique: les travailleurs sociaux, In: „Le déclin de l’institution“, Le Seuil, 2002, pp.235-239 et p. 255-264

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Mejed HAMZAOUI, Le travail social territorialisé, Les éditions de l’Université de Bruxelles, 2002, p.159-168.

Abraham Franssen, Etat social actif et métamorphoses des identités professionnelles, Pensées Plurielles, 2005, 10, p.137-147.

- bibliographie

- documents électroniques sur le campus virtuel

 

 

Méthodes d'enseignement et d'apprentissageCours magistraux
Séminaires ou ateliers
Projets, recherches ou travaux sur le terrain

Cours magistral durant 15h et séminaire APP durant 30h

Pour préparer les séances de cours magistral, les étudiants doivent impérativement avoir lu les textes du dossier de lecture.

 

L'Apprentissage par Problème:

En raison de la disponibilité des professeurs, nous devons scinder le groupe. La première année sera accompagnée par Gregor Stangherlin le jeudi matin tandis que la seconde année sera accompagnée par Christophe Bartholomé le vendredi après-midi. Chaque groupe devra choisir un des 4 dispositifs d'insertion socioprofessionnelle (OISP, EFT, Régie de quartier, CPAS/le droit à l'intégration sociale, etc.) et le problématiser. L'APP se focalisera principalement sur les pratiques d'intervention sociale. Chaque groupe va passer par différentes étapes durant le processus d'apprentissage par problème: définition de la situation-problème, séance « aller » (identification du problème, élaboration d'un de recherche-action), travail de recherche individuel (appropriation du dossier de lecture, recherche documentaire, entretiens), la séance « experts », la séance « retour ». L'objectif de la séance « aller » est d'arrêter avec les étudiants les objectifs d'apprentissage pour l'analyse de chaque situation et de déterminer un cadre et une méthode de travailler pour y arriver. Les séances collectives (Aller/Experts/Retour) visent à préparer le travail d'apprentissage autonome qui suit. Idéalement, il faut inviter plusieurs experts de formation-métiers différents (éducateur, travailleur social, juriste, économiste, philosophe, psychologue, etc.) et qui maîtrisent la problématique. Si vous avez des difficultés à trouver des experts, n'hésitez pas à nous contacter. S'ils ne sont pas disponibles pour le jour de la rencontre, essayez de les voir avant cette date pour alimenter le débat avec les autres experts. Chaque étudiant devra obligatoirement réalisé un entretien individuel avec un usager ou gestionnaire du dispositif. Pour rappel, la présence de l'ensemble des étudiants aux séances aller/expert/retour est obligatoire! Indépendamment des objectifs que vous vous êtes fixés pour l'analyse de votre situation-problème, continuez à vous poser les questions ci-dessous: - Est-il pertinent de parler de politique d'activation dans le cadre de votre situation-problème? Si oui, en quoi, s'agit-il d'une politique d'activation ou d’un processus d’activation ? - Identifiez les bases légales et administratives de cette politique d'activation! - Quels sont les principales forces, faiblesses, risques et opportunités de cette politique? - Quelles sont les spécificités organisationnelles au niveau de la mise en œuvre de la politique d'activation? - Comment les différents acteurs (usagers, travailleurs sociaux, chef de services, décideurs politiques, associations, etc.) impliqués dans la situation vivent la situation? Essayez de comprendre leurs logiques d'action. - En quoi la politique d'activation change le travail social ? - Adoptez un regard interdisciplinaire (juridique, sociologique, économique, philosophique,...)! - D'un point de vue éthique et philosophique, posez-vous personnellement la question des apports et limites des politiques d'activation. A la fin du processus chaque groupe présentera d'une façon synthétique les principaux résultats de son APP (en 20 minutes et en deux pages).

 

 

EvaluationExamens écrits et/ou oraux
Projets ou travaux pratiques

Travail écrit et sa défense orale

 

Notes de coursPartielles
Langue(s) du coursFrançais

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